La pollution lumineuse, on en entend très peu parler, mais elle est pourtant bien présente dans la vie de chacun d’entre nous. En effet, on a beaucoup d’inquiétude pour la pollution atmosphérique, pour ses effets néfastes, et de tout ce qui vient avec elle. On se mobilise pour lutter contre elle. En revanche, on se mobilise beaucoup moins quand il est question de la pollution lumineuse, un problème un peu moins grave, certes, mais tout de même important. Dans cet article, vous en apprendrez davantage sur ce qui la concerne, pourquoi elle est un enjeu important et comment lutter contre elle.
Au fait, savez-vous ce qu’est la pollution lumineuse?

C’est quoi la pollution lumineuse?
La pollution lumineuse est produite généralement par l’être humain, car celle-ci provient de sources de lumière artificielle excessive. Des bon exemples de sources de pollution lumineuse sont les bâtiments, les lampadaires ou les publicités lumineuses géantes. Cette pollution bien particulière provient donc de l’utilisation excessive ou inappropriée de la lumière artificielle à l’extérieur. En milieu urbain, comme à Montréal, on en retrouve une quantité colossale, alors qu’en milieu naturel, il n’y en a presque pas. On peut très facilement s’imaginer une source énorme de cette forme de pollution. Prenons l’exemple du centre-ville de Montréal. Êtes-vous d’accord pour dire qu’il y a de la lumière partout, qui provient de chaque immeuble, de chaque boutique et de chaque lampadaire et qu’il n’y a, la plupart du temps, aucune étoile visible dans le ciel?
Les conséquences de la pollution lumineuse
On pourrait penser qu’un peu de lumière ne cause aucun dommage…ou même qu’elle est bénéfique ! Pourtant, les effets néfastes de la pollution sont nombreux. Je vous en présente quelques-uns des plus marquants :

Impact au niveau astronomique :
En milieu urbain, les éclairages artificiels sont en partie dirigés en direction du ciel. La lumière est alors dispersée dans l’atmosphère, ce qui pollue grandement le ciel nocturne et nous prive d’une des plus magnifiques beautés naturelles : un ciel étoilé. En effet, dans les grandes villes canadiennes, plus de 95% des étoiles visibles à l’œil nu ne sont plus observables.
Du côté des astronomes professionnels, la lumière artificielle nuit à la collecte des données. C’est pour cela que la plupart des nouveaux observatoires sont installés dans des régions isolées. C’est le cas de l’ASTROLab, un musée et un centre d’activités en astronomie dédié au public, situé sur le mont Mégantic.

Impact au niveau de la santé :
La lumière bleue présente dans les éclairages artificiels perturbe énormément l’horloge biologique des êtres humains. Voici quelques-uns des effets nocifs sur la santé associés à la lumière bleue :
- altération du sommeil;
- retard de l’endormissement;
- troubles de la mémoire, de l’humeur, de l’attention;
- augmentation des risques de maladie cardio-vasculaire;
- augmentation des risques de certains cancers;
- augmentation des risques de diabète ou d’obésité.
C’est l’insomnie, provoquée par la pollution lumineuse, qui constitue en soi un risque de développer de nombreuses maladies. Elle réduit également la production de mélatonine, l’hormone du sommeil. De plus, elle interrompt les cycles quotidiens de la communauté des microbes vivant dans les intestins.
Impact au niveau de la flore :
Une étude comparative réalisée sur des fleurs de prairie éclairées artificiellement a mis en évidence une diminution de 62% des visites de pollinisateurs nocturnes par rapport à la normale, et une réduction de 13% de la production de fruits. Il s’agit d’une baisse
considérable. De plus, les lumières artificielles nocturnes affectent énormément le processus de floraison des plantes.
Les jeunes plantes qui éclosent la nuit rencontrent de nombreuses difficultés au niveau de la pollinisation, car elles sont dépendantes de l’obscurité pour attirer les pollinisateurs nocturnes.
Pour finir, les arbres situés à proximité de zones éclairées avec des lampadaires émettant des faisceaux lumineux de source artificielle perdent souvent leurs feuilles plus tard que les arbres situés dans des endroits éclairés naturellement, ce qui prouve que la pollution lumineuse a aussi un impact sur la dormance de certains arbres.


Impact au niveau de la faune :
Les animaux, tout comme les plantes, dépendent de l’alternance du jour et de la nuit. La lumière artificielle perturbe donc plusieurs écosystèmes, dont en voici certains exemples :
Chez les coraux, plus de 130 espèces se reproduisent à la lumière de la lune. L’intensité excessive est susceptible de masquer les rayons de lune, qui sont eux-mêmes des réflections du soleil, ce qui dérègle leur horloge biologique.
Les tortues, quant à elles, déposent leurs œufs sur la plage pour que leurs petits se guident de la lumière de la lune afin de rejoindre l’océan. Par contre, la lumière artificielle les attire à l’opposé. En Floride, des millions de bébés tortues meurent pour cette raison.
Chez certains oiseaux migrateurs ou chasseurs nocturnes, la lumière artificielle affecte leur sens de l’orientation. Cela peut les faire dévier de leur chemin et les attirer vers des zones urbaines dangereuses. Chaque année, des millions d’oiseaux meurent en percutant des immeubles éclairés inutilement.
Chez certains amphibiens, les éclairages artificiels dérangent et perturbent leur rituel amoureux. Cela interfère avec leur reproduction et réduit donc les populations.
Plusieurs autres espèces sont en danger dû à ce type de pollution, par exemple les colibris, certaines espèces de saumon, le papillon monarque ou le manchot pygmée.
Que peut-on faire?
Plusieurs personnes pensent qu’il n’y a pas de solution à la pollution lumineuse, car cela signifierait de couper l’être humain d’une ressource essentielle à leur développement : la lumière. Au contraire, il ne signifie pas de ne plus s’éclairer, mais plutôt de s’éclairer de manière intelligente et responsable.
Premièrement, il y a plusieurs endroits où l’on utilise de la lumière et où on pourrait très bien s’en passer. Prenons par exemple les publicités lumineuses. Je suis sûre qu’en passant sur une autoroute, vous avez déjà vu une énorme pancarte publicitaire à la lumière aveuglante de McDonald, par exemple. Ce type d’éclairage est tout à fait inutile et l’on pourrait très bien s’en passer.
Deuxièmement, il y a les sources de lumière excessive. Dans les immeubles de travail, par exemple, il y a bien trop d’éclairage inutile où la lumière est trop forte. Ils peuvent tout à fait la réduire.
Troisièmement, il faudrait utiliser des luminaires dont la température de la couleur est de 3000 K ou moins afin de réduire l’utilisation de lumière bleue, nuisible aux espèces animales.
Finalement, les lampadaires extérieurs devraient être pointés vers le sol afin qu’ils ne dispersent pas leur lumière dans l’atmosphère, ce qui n’affecterait pas la santé ni l’observation des étoiles.

À présent, vous en savez un peu plus à propos de la pollution lumineuse: il s’agit d’un type de pollution méconnu, aux effets sous-estimés, mais elle n’est pas seule dans sa catégorie ! Eh oui ! Avez-vous déjà entendu parler de la pollution sonore?